L’opération est conçue sur le mode des villas urbaines ou des impasses faubouriennes. Deux venelles, utilisées par les habitants comme lieu de rencontre et de jeux, séparent les trois bâtiments alignés sur la rue ; ces traversées entièrement partagées encouragent la convivialité à l’échelle du quartier.
Chaque logement profite d’une double ou triple orientation, et bénéficie d’un ou plusieurs prolongements en extérieur (balcons, loggia, ou jardins privatif). Les cuisines, ouvertes sur les séjours, sont conçues de manière à être facilement cloisonnables, et disposent toutes de leur propre fenêtre. Les vues sur l’extérieur sont choisies pour éviter les vis à vis et garantir à chacun, depuis les balcons, des ouvertures visuelles sur le square au sud. Les deux derniers niveaux sont exclusivement réservés à de grands logements d’exception en duplex, largement ouverts en proue sud du bâtiment, et surplombant le square. Les cinq-pièces jouissent d’une terrasse privative supplémentaire creusée dans le toit, à l’écart des regards.
La structure des bâtiments est mixte : béton et bois. Le rez-de-chaussée est traité en double mur de béton blanc avec isolant intégré, qui offre à la fois une finition extérieure très soignée et garantit une isolation efficace sans pont thermique. Ce système, fabriqué en Vendée par Soriba, permet un chantier propre, les prémurs arrivant sur site avec les réservations pour les ouvertures et l’électricité. Jusqu’au plancher haut du niveau 3, le squelette en béton poteaux-dalles, sans retombée de poutre ni refend en béton, autorise une grande liberté de transformation des logements. La structure des duplex des deux derniers niveaux est entièrement en bois. Sans nécessité d’isolation acoustique à l’intérieur d’un même logement, la structure en bois est entièrement visible et révélée.
Les façades, fabriquées en usine, sont à ossature bois. Elles sont ensuite revêtues d’un bardage en pin douglas purgé d’aubier qui, n’ayant reçu aucun traitement, évolue donc de manière naturelle et prend une teinte gris argent au fil du temps. Le bardage est conçu comme une double peau dentelée : un lattage vertical en planches et des tasseaux, disposés en clairevoie, en recouvrement des joints. Le lattage marque la limite entre le dehors et le dedans, tandis que les tasseaux forment une enveloppe protectrice pour les balcons, loggias et patios, reconstituant une volumétrie simplifiée du bâtiment. Lorsqu’une loggia est creusée, le lattage épouse la forme des creux et se recule à la limite du logement ; et lorsqu’un balcon est extrudé du volume initial, les tasseaux accompagnent le mouvement pour former garde-corps et en préserver visuellement l’intimité.
La double peau a ici un rôle de protection solaire, car elle tamise la lumière du sud et, associée à des stores filtrant, contribue à maintenir une température confortable l’été. Mais aussi de protection visuelle, car elle garantit l’intimité de chacun en filtrant les vues sur les balcons, en allège des ouvertures et sur les fenêtres des salles de bain. Pour l’occultation des pièces, un système de volets coulissants en bois vient se loger dans l’interstice de la double peau. Ce dispositif permet de protéger le volet d’un vieillissement prématuré en le gardant à l’abri des intempéries. Une fois fermé, chaque volet dévoile une empreinte de couleur qui anime la façade au gré des usages ; l’habitant, en participant au dessin de la façade, devient lui-même acteur du projet.